Taiji ? Tai Ji ? Taichi ? Tai Chi ? Quelles différences ?
Tout d’abord, sur l’orthographe : « tai chi » est l’ancienne transcription du mot dans l’alphabet latin, alors que « tai ji » est la version récente officielle (cherchez « pin yin » pour en savoir plus).
Quant aux espaces, le choix est tout à fait arbitraire : il n’y a pas d’espace entre les caractères en chinois, donc on peut choisir à loisir d’en ajouter ou pas lorsqu’on les transcrit en alphabet latin. Je choisi de ne pas ajouter d’espace car je vois « taiji » comme un seul mot, désignant à la fois l’art martial et le concept philosophique sur lequel il est basé.
Taiji ou taijiquan ?
Le mot « taiji » désigne à la base le moment dans une certaine interprétation de la création du monde où les opposés, yin et yang se séparent, mettant fin à l’ère d’unité totale (nommée wuxin). Plus généralement, c’est la philosophie qui regarde le monde à travers les lunettes du yin et du yang, opposés complémentaires qui se combinent d’infinies façons pour donner lieux aux « dix-mille choses », l’univers.
Le mot « quan » désigne un style d’arts martiaux pratiqué à mains nues. Il est souvent traduit par « boxe » dans des textes plus anciens.
Le mot « taijiquan » désigne donc un art martial pratiqué à mains nues, qui s’inspire de la vision philosophique taiji. Dans de nombreuses situations, on abrège « taijiquan » en « taiji » parce qu’en occident, on ne connaît que l’art martial (ou en tout cas sa version « gymnastique pour la santé »). D’autre part, cela permet aussi d’inclure les formes avec armes sous le même nom. Sinon, il faudrait parler de taijiquan, taijijian (épée), taijigun (bâton), etc.
Si le taiji est un art martial, est-ce que les cours sont violents ?
Le taiji est un art martial particulier, car il est souvent pratiqué avec l’intention de retrouver ou maintenir une bonne santé physique plutôt que de développer des prouesses en combat. Pour cette raison, la participation aux exercices à deux, et aux entraînements de combat sont toujours facultatifs, bien que fortement recommandés. De plus, les règles signées par les élèves à l’inscription fixent les bases d’interactions saines basées sur le consentement, la responsabilité et le respect.
Je ne suis pas souple/fort·e/en bonne forme, puis-je pratiquer le taiji ?
Absolument ! La pratique du taiji permet à toute personne de commencer un chemin vers une meilleure santé, (presque) quel que soit le point de départ. Je dirais que le niveau de base pour participer aux cours est de pouvoir marcher 10-15 minutes sans pauses (même lentement), et pouvoir s’asseoir sur un banc assez bas. De cette façon, vous pourrez participer à la plupart des exercices, et vous asseoir sur les bancs lorsque vous devez vous reposer un peu. On peut même espérer qu’avec le temps, cette pratique vous permettra de (re)trouver une bonne forme physique, et vous donnera beaucoup d’énergie.
En effet, les exercices sont conçus pour développer les compétences et les capacités physique avec la pratique. On peut donc partir d’un niveau de forme, souplesse ou force très faible, et se renforcer avec la pratique du taiji jusqu’à atteindre un niveau tout à fait honorable.
J’ai mauvaise mémoire, je ne pourrai jamais apprendre tous ces mouvements ?
La pratique du taiji est réputée pour améliorer la mémoire. Concrètement, l’apprentissage passe beaucoup par le corps, ce qui a tendance à aider la mémorisation. Les informations sont en général apportées à la fois visuellement et auditivement, tout au long du cours. De plus, le cours contient beaucoup de répétition, ce qui permet à l’apprentissage de se faire progressivement sur le long terme.
Pourquoi toujours le même échauffement ?
L’échauffement proposé en cours est un petit enchaînement de qigong assemblé par l’instructeur selon des principes de qigong traditionnel et de bioméchanique. Il contient des éléments qui visent à améliorer la force, l’équilibre, la souplesse et la coordination, ainsi que des mouvements qui promeuvent une bonne santé générale en stimulant certains organes internes.
Sa répétition vous permet de le mémoriser, et de le pratiquer en dehors des cours, comme pause de mouvement entre deux sessions de travail à un bureau, ou le matin pour bien démarrer la journée.
Pourquoi le style Wu ?
Cette question est épineuse. Comme dans bien des cas, ma première réponse est de dire que ça n’a aucune importance, et que ce qui importe, c’est la compétence de la personne qui enseigne, et la relation que vous forgez avec elle. En effet, si avec cette personne, le courant ne passe pas, vous ne pourrez pas apprendre grand chose de valable.
Supposons maintenant que vous ayez accès à plusieurs styles enseignés par des personnes compétentes avec qui vous vous entendez bien. Le style Wu, tel que je l’ai appris auprès de Maître Yan Long Jiang, est encore très proche de ses racines martiales, et conserve un potentiel énergétique fort. La plupart des personnes qui pratiquent cette forme se sentent énergisées après chaque séance de pratique. De plus, le programme d’entraînement transmis par le Maître contient encore un curriculum complet pour faire des élèves des combattant·e·s chevronné·e·s.
Cette proximité avec les racines est probablement due au fait que pour des raisons historiques, cette lignée a échappé à la standardisation décidée par le gouvernement chinois lorsqu’il a fait du taijiquan un outil important de prévention dans son système de santé.